Mon asiacaine Thomas Pitiot J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Un seul être vous manque et tout est dépeuplé. C'était si bon quand Desnos nous sonnait les matines Et qu'on trinquait avec les vers des sonnets de Lamartine. Tu m'as confié tes rêves et prêté ta pirogue, Livré des récits fleuves sans fin, sans épilogue; Quelle belle idée de s'emmêler avec ton sang mêlé, J'ai la bobine ébouriffée au moins pour des milliers d'années. T'aimais pas bien que je te taquines en t'appelant ma tsarine, J'étais charmé par la voix du baryton Lénine; Dans notre souk, y avait tant de mots et de moteurs à délices, Qu'on dansait le zouk et le tango choisissant nos épices. Moi mon sang chaud et rouge et mes paupières tombantes, Ta fidélité à l'amant et tes yeux en amante, J'entends encore les concertos qui résonnent; Chopin au piano à l'accordéon c'était Marc Perrone. Mon asiacaine, mon afritique, Ma ruskof du quatre-vingt-treize. L'air de rien on a échangé nos idées Sur l'art du thé, ses saveurs et l'amour infusion, Tu m'as parlé du Mékong et ses pénates, Moi mes souvenirs du malécon et de la Havane. Da ma la nope et prikadl ptichka maïa; Des belles langues pour des baisers qui n'en finissent pas. Transport amoureux et transport dialectal Qui font Vientiane, Moscou, Aubervilliers jusqu'au Sénégal. Mon asiacaine, mon afritique, Ma ruskof du quatre-vingt-treize.