La maicresse d'école Thomas Pitiot La maîtresse est stressée Il faut dire qu'aujourd'hui Elle se fait inspecter. Même si elle est habituée, Elle a tout bien rangé, Elle a dit je suis malade Ne me faites pas crier . La maîtresse est flattée; Y a un ancien élève Qui est venu l'embrasser. Il est fier d'être inscrit A la fac de Saint-Denis Il lui a dit vous êtes Toujours la plus jolie! . La maîtresse est soulagée; Hier soir le spectacle S'est bien déroulé. Il a un peu plu mais Les parents étaient contents, Elle a versé une larme Pour les applaudissements. Elle se souvient de la journée à la mer Et de ces gamins qu'avaient jamais goûté à l'eau salée, Elle se souvient de la classe de neige comme hier Et de ces gamins qu'avaient jamais vraiment vu l'hiver. La maîtresse est comblée; Ils ont gagné le concours De poèmes cette année, Ave une mention spéciale Pour l'enfant turbulent Qu'elle a sauvé de justesse Du perfectionnement. Dans la salle des maîtres Elle a rejoint ses copines Et celles avec qui elle Mange pas à la cantine; Et le seul maître à bord, Le seul homme, qui voulait Etre pompier quand il était môme. Elle dit qu'elle va se syndiquer Qu'elle peut plus supporter De voir une nouvelle fois Ces budgets tailladés. Elle ira défiler, dès la rentrée, Avec quelques parents Par solidarité. Et les langues de pierre, cœurs de vipère, Qu'ont jamais rien donné qu'ont jamais rien offert Diront du mal des fonctionnaires et de la maîtresse, Elle, elle chantera des moyens pour notre jeunesse Elle se souvient de la gamine raccompagnée Chez les parents qui l'avaient oubliée. Elle se souvient des kilos de chocolat ED Mangés car offerts avec sincérité. Elle se souvient des dizaines de bracelets perles Cadeaux de la maman qui parlait pas français. Elle se souvient de ces petites bouches édentées Des avalanches de bisous qui criaient bonne année La maîtresse d'école est fatiguée Dans la classe silencieuse Elle sent que c'est l'été; Pendant deux mois, Personne ne l'appellera maîcresse, Endormis les petits ils Et elles avec un s. La maîtresse commence à s'impatienter, Elle a déjà fini Tous ses romans d'été. Le silence est A deux doigts de l'agacer, Elle attend que résonne La cloche de la rentrée.