La terre à Toto Thomas Pitiot Ça y est j'ai reçu ta lettre, Et bien c'est pas trop tôt. T'as enfin pris ta plume, Pour écrire à Toto; Ton ancien pote d'avant, Ton compagnon de quatre heures Quand noud répondions tous Aux lois de la pesanteur Aux lois de la pesanteur J'aime assez tous ces mots bizarres Et ces couleurs nouvelles, Des choses tu dois en voir, Des jolies et des belles. Je lui dirai à cette vieille Qui t'envoyait au coin Que t'écris bien mieux qu'elle, Sans virgule et sans point, Sans bidule ni machin. Maintenant que t'es sur la lune Et que t'as la tête dans notre terre, Avec ton bonnet d'âme Et tes étoiles de mer; Tu te fous bien des drapeaux Et celui que t'as trouvé C'est de loin le moins beau Qu'on ait jamais porté, Qu'on ait jamais planté! A ceux qui promettaient la lune, Qu'étaient cons comme la terre; Qui voulaient décrocher la thune, Une résidence secondaire, Tu dis qu'ils n'ont rien vu A part quelques cratères Qu'au royaume de l'œil nu Seul le voyant se perd. Quand viendra le moment de saluer Vieux, mais encore bien luné, Reviens dans ton premier quartier M'embrasser pour mon dernier quartier. Présente donc moi ta rousse, Je l'ai toujours trouvée belle; Je vous promets devant tous La plus belle terre de miel, La plus belle terre de miel...