Écoute, sur le port, les Callas de criée Poser leurs fruits d'argent à même la poussière Regarde entre les cordes et les chaînes rouillées C'est la chapelle ardente aux poissons morts en mer Les bonshommes s'affairent en tirant sur leur pipe Vidant à pleins paniers le ventre rond des cales Comme à d'énormes thons, on déballe leurs tripes Et le rebord des quais rougit de leurs entrailles Et des hommes, aux étals, aiguisent leurs couteaux Et des hommes, aux étals, aiguisent leurs couteaux Les poissonniers rappliquent et ça hurle et ça rit Et leurs cris se mélangent aux klaxons fous des mouettes Dont les becs de voyous, sans discuter les prix Piquent, dans les cageots, des bouquets de crevettes Sous ce fatras de pas, des harengs gorgés d'oeufs Des grondins, des raies noires, des tapis de maquereaux Les yeux exorbités vainement derrière eux Regardent scintiller le labour bleu des eaux Et des hommes, aux étals, aiguisent leurs couteaux Et des hommes, aux étals, aiguisent leurs couteaux Écoute, sur le port, les Callas de criée Regarde entre les cordes et les chaînes rouillées