À Rungis, au pavillon d'la tripe Y'a des drôles de gars, des drôles de types En tablier blanc, tout sanguinolent Ils pèlent des crânes, ils tranchent des flancs Des foies d'génisses, des nez d'cochons Des cervelles, des langues et des poumons Pour que ta gribiche soit prête à midi Les petits gars de Rungis bossent toute la nuit Et faut les voir, les comiques tripiers Vêtus de leur blanc tablier Avec leur argot et leurs longs couteaux Désosser gaiement la tête de veau Les experts de la tripaille Les négociants de l'intestin Les grossistes de l'entraille Y font du rognon leur pain quotidien Pas de contrats, non, non, pas besoin Les affaires se traitent à la poignée de main Deux trois p'tits verres au troquet du coin Et tape-là, marché conclu, ton prix s'ra le mien Et faut les voir, les comiques tripiers Vêtus de leur blanc tablier Avec leur argot et leurs longs couteaux Désosser gaiement la tête de veau La première fois, rognon d'une pipe Que tu rentres dans ce fameux marché Prises en plein coeur de la tripe Les tiennes ont tendance à se décrocher Puis après cou, de foie en foie Tu t'y sang comme presque un peu chez toi Et tu te dis, qu'au fond, l'abat Rein ne tête de veau cette ambiance-là Car faut les voir, les grappes de caillettes Les beaux bidons, bidons, les beaux bidons de sang Et les habiles coups de machette S'abattre violemment sur ces crânes bêlants À Rungis, au marché d'la tripe Y a de drôles de gars, de drôles de types En tabliers blanc tout sanguinolent Ils pèlent des crânes tout en sifflotant Mêêêêêê