Ma génération a la trentaine bien tassée, blasée N'a rien connu de glorieux par le passé Les lendemains qu'on lui propose sont accablants C'est vrai que l'utopie a prit du plomb dans l'aile sous Mitterrand La rose s'est fanée devant ses yeux avant de mourir Puis les violences des années bleues lui ont balafré son sourire Enfant de la crise elle en subit les séquelles Elle n'a connu que la nuit, le soleil n'est pas pour elle Elle a le spleen elle a mûrit de manière précoce Horizon bouché donc elle flippe pour ses gosses Elle a grandi entre rigueur et austérité Vois-la prête, comme une vulgaire déclinaison de la précarité Elle cherche en vain le sens de son existence Noie sa mélancolie sur un comptoir d'étain Témoin d'une époque cynique enclin au déclin Elle assiste impuissante à sa lente décadence Le "nous" est à genoux quand le "je" est en jeu Et "on" est un con Inflation, récessions, répression, soumission Elle n'oscille qu'entre déception et dépression Mensonges, biftons et trahison C'est le même mauvais feuilleton qui passe en boucle à la télé Vision de mur écrans qui envahissent son salon Esseulé, elle vit dos au mur des ses lamentations Vision de blocs qui s'effondrent, de hontes qui s'érigent De monuments aux morts toujours plus haut qui lui donne le vertige Elle panique, oui elle consomme à crédit Soigne son blues en un clic, la messe est dite Boulimique elle perd le nord et vend son âme aux banques Pendant qu'au sud les pierres s'attaquent aux tanks Le soir, insomniaque, elle angoisse sur l'oreiller Elle a du mal à croire en la force du nombre Contre vents et marées noires, perd sa voix à la crier Elle espère toucher terre avant que son avenir ne sombre