Il a troqué sa province contre les rues d'la capitale Avec en tête une ligne de mire aussi précise que radicale Il voulait mettre le feu aux poudres dans les salles Avec la foudre dans les yeux et le hip hop comme arsenal Mais très vite, noyé dans la masse il prend sa claque MC part au charbon car personne connait son nom Personne connait son son, chaque soir c'est la pression Il réalise le chemin à parcourir avant d'être dans les bacs Car c'est lent, c'est dur, c'est l'passage obligatoire Ca peut virer du rire aux larmes en un éclair de désespoir Le jour il bosse la nuit il affûte son répertoire Forcé d'jouer sur les deux fronts pour pas finir à l'abattoir Seulement, pour l'instant il vit dans l'ombre des têtes d'affiche Pour l'instant seulement il fait ses classes quand d'autres restent à la niche Alors, il s'exécute ferme les yeux et s'imagine, monte sur les planches comme à Berçy Avec derrière la grosse machine I represent! Imagine le! Regard écarquillé personne ne le comprends nan En face de lui y a que des vieux ou des enfants Ils veulent danser léger le rap conscient ils trouvent ça chiant La salle se vide progressivement et ça lui glaçe le sang Il parle aux siens se retrouve chez les branchouilles Au dîner de cons ce soir, ça mange de l'andouille Un verre de trop et le dessert vire à l'embrouille Et bim ça brise le mic et les instrus ça part en couille! Soirée plein air, il pleut, il est vénère 'Sont tous à la buvette et carburent à la bière Y plus qu'sa mère sous l'parapluie qui suit l'concert Derrière deux ou trois poivrots, en délire qui vocifèrent: Le bar est mort et les serveurs regardent le foot Il y va parce que c'est l'heure tant pis, rien à foutre Il s'sens minable il flippe tout d'un coup il doute Il s'dit merde à quoi ça sert de jouer si personne ne m'écoute? Visage marqué par le poids des sacrifices Mc fume pour s'évader, oublier ses cicatrices Son coeur se serre quand il regarde en arrière Le chargeur est surchargé car sa galère est journalière Il n'est pas là pour faire tralali ou tralalère Chez lui l'inspiration se puise au bout d'la chaîne alimentaire Il a forgé son flow en essuiyant les plâtres Et si maintenant son rap te frappe, c'est qu'il a toujours dû se battre Il roule sa bosse en marge selon ses propres codes Et n'attend rien de l'industrie sort ses galettes en autoprod Son buzz grandi aux antipodes de leurs paillettes Il fait son trou assume le prix de l'indépendance même dans les salles des fêtes Et peut être bien qu'il ne s'ra jamais disque d'or Et alors la belle affaire il l'ouvre de plus en plus fort Maitrise tous les contours de son art contestataire Les mains dans l'cambouis mais pas un genou à terre