Grand-père Pierre Louki Y avait comme un défaut Dans la pendule de grand-père Un tout petit défaut Les aiguilles tournaient à l'envers Plus grand-père vieillissait Plus il retombait en enfance On le trouvait plus jeune Chaque fois qu'on allait en vacances Quand, le lundi, grand-père disait "Venez me voir demain" On arrivait chez lui, c'était dimanche Et c'était bien Quand il mangeait sa soupe La chose nous semblait étrange La soupe était finie avant même Qu'il ne la mange Grand-père, comme sa pendule Marchait toujours à reculons Nous, ça nous amusait Mais les voisins disaient "C'est long C'est long quand on l'attend Plus il vient et plus il s'éloigne Il n'est jamais souffrant Ou alors après qu'il se soigne!" Il reprit des couleurs, des cheveux Et toutes ses dents Grand-mère en rougissant murmurait "Dieu qu'il est ardent!" Nous, on comprenait pas Et l'on ne disait à personne Que grand-papa faisait Les pieds au mur avec la bonne Il fut adolescent, puis enfant Puis petit bébé Et un jour grand-maman nous dit "Grand-papa n'est pas né" Alors on s'inquiéta On fit venir un spécialiste Qui sitôt démonta La vieille pendule anarchiste Bien sûr, il eut tôt fait De trouver l'erreur Il avait des instruments modernes Il avait appris, il savait Les aiguilles reprirent le bon sens Et ce fut un tort C'est ainsi qu'on apprit Que notre grand-père était mort