L'arbre qu'on croyait mort Pierre Louki L'arbre qu'on croyait mort depuis quelques saisons Vous savez, le vieil arbre au pied de ma maison A reverdi soudain en une nuit, rien qu'une Et le voilà tout beau, et le voilà tout neuf Les bourgeons éclatant: quatre, cinq, six, sept, huit, neuf! Lui qui n'était plus rien, plus une feuille aucune! Et le voilà tout beau, le voilà nouveau-né S'approchent les oiseaux, fascinés, frissonnés Les oiseaux d'aujourd'hui, que pourtant rien n'étonne, Devant un tel miracle sont comblés d'embarras Si j'osais, je dirais qu'ils en baissent les bras Comment pareil printemps après si long automne? L'arbre qu'on croyait mort depuis quelques saisons Et que j'avais chanté sans rime ni raison Comme un amour perdu, comme un dernier dimanche L'arbre s'est réveillé, la main dans les cheveux Pour sitôt s'écrier "Je veux vivre, je veux! Je suis encore trop jeune pour être mis en planches" Alors, toi qui t'en fus en passant par Dijon Ne crois-tu pas qu'il est grand temps que nous songions À renouer le fil d'amours qui furent tendres? Dijon, c'est à côté, trois heures, même moins! Ici le ciel est bleu, l'arbre m'en est témoin Reviens, je suis déjà en gare pour t'attendre