Je suis une vieillerie Je suis une vieillerie J'ai quelques courbatures au lever du lit Et on trouve des gammas GT dans mes analyses d'urine J'ai plaisir à écouter la pluie, la mélodie du temps passé Alors je cache mes rides sous une barbe mal rasée Et moi je trouve Booba vulgaire, j'ne cautionne plus c'qu'il dit J'écoute France Inter et j'bouquine "psychologie" Mes potes d'enfance sont devenus pères, Chaque annéeje les entends me raconter leurs vacances à Disney En guise de loisir, je remplis des grilles de mots fléchés Dans les soirées entre amis, je me plaîs à philosopher Nos visions du monde évoluent, nos ventres prenent du volume Et j'commence à comprendre que c'qu'on vit peut-être qu'on l'a voulu Moi il m'faut ma cigarette et ma sieste aprés manger Y a des bibelots sur la cheminée qu'il faut qu'j'pense à recoller J'crois qu'j'suis devenu fidèle, je songe même à m'caser Je soutiens encore les grèves mais depuis mon canapé Les années sont passées dans un long silence La poussière a tout recouvert Et j'ai perdu mon innocence Elle est déjà loin derrière à quoi se résume l'existence être heureux ou en avoir l'air si la fin est une délivrance C'est que tout est à refaire J'ai la critique facile, des réflexes bien établis Et même quand j'ai tort je déteste être contredit Moi j'fume plus devant les mômes, j'essaie d'éviter les gros mots J'ai une tendance râleur, je m'plains d'avoir mal au dos J'évite la foule, j'fais un régime avant l'été Et que personne ne m'parle avant qu'j'ai bu mon café Insomnie de pleine lune, je n'dors bien que dans mon propre lit Et avec un peu de recul, j'pense à reprendre les études Je m'inspire de Brassens, je m'suis abonné à Libé Je mange toujours à la même heure les mêmes plats surgelés Je surveille de prés l'évolution de ma calvitie J'ai même choisi un savon spécial peaux sensibles Moi j'prends le train seulement dans le sens de la marche Et j'commence à tempérer mes désirs pour l'anarchie J'ai toujours une citation, un dicton pour illustrer Les même situations qui se répètent depuis des lustres Les années sont passées dans un long silence La poussière a tout recouvert Et j'ai perdu mon innocence Elle est déjà loin derrière à quoi se résume l'existence être heureux ou en avoir l'air si la fin est une délivrance C'est que tout est à refaire Je suis une vieillerie Je suis une vieillerie" Je me surprends à expliquer aux plus jeunes ce qu'est la vie Je leur parle de cette époque où l'on pouvait fumer en boîte de nuit J'ai toujours mal quelque part, j'suis largué par la mode Je perds tout c'qu'on me donne j'ai des soucis de mémoire Je n'supporte plus le camping, le mc do et les endroits branchés Moi, quand j'pars loin de chez moi j'ai besoin de tout débrancher J'guette le moindre cheveu blanc, j'remplis seul ma feuille d'impôts J'ai un avis pour chaque chose, et moi j'prends les jeunes de haut Je cogîte, je radote, je m'sens toujours fatigué Je vais sur mes trente piges, putain, j'suis une antiquité!... Les années sont passées dans un long silence La poussière a tout recouvert Et j'ai perdu mon innocence Elle est déjà loin derrière à quoi se résume l'existence être heureux ou en avoir l'air si la fin est une délivrance C'est que tout est à refaire Les années sont passées dans un long silence La poussière a tout recouvert Et j'ai perdu mon innocence Elle est déjà loin derrière à quoi se résume l'existence être heureux ou en avoir l'air si la fin est une délivrance C'est que tout est à refaire