Lui qui ne rêvait que de clairs de lune Que de feux de camps le soir dans les dunes N'a que son mouchoir pour toute grand-voile Que des réverbères en guise d'étoiles Mais quand à Noël les rues s'enguirlandent Que les yeux d'enfants lui en redemandent Il serre la vis de millions d'ampoules Lui le solitaire au milieu des foules Chemin balisé de feux tricolores Il voit dans sa ronde la lumière éclore S'il advient parfois qu'un fusible flanche Pour mettre le feu: retrousse ses manches L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière Lui qui ne rêvait que de ciels d'orages Et d'un sac à dos comme seul bagage Il vante l'abri d'un paratonnerre Brassens l'en aurait nommé mercenaire Quand la tour Eiffel éclaire à la ronde Que les yeux d'enfants s'en font tout un monde Il va funambule au gré de ses fils Et le monde entier à ses pieds défile Se voit-il parfois en haut de l'affiche Quand sur le fronton il branche les fiches Et qu'au music-hall s'allument les lampes Brûlant quelques ailes aux feux de la rampe? L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière Lui qui ne rêvait que de vers luisants De flots orangés, d'astres agonisants Se bronze aux néons de milliers d'enseignes Ne prend pour soleil que quelques châtaignes Quand Paris, pourtant, doit se faire un nom Que les yeux d'enfants s'y font lumignons Il n'est qu'un sujet du brillant royaume Que l'on brade encore pour quelques atomes Compte-t-il toujours en nombre d'ampères Ou en papillons qui vont sans repères Quand le bleu des nuits se fait électrique? Qu'il rêve en secret de plier boutique L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière Le grand apparat d'un bleu de travail Ne dit pas souvent grand-chose qui vaille Son ombre chinoise au cœur militant Amorce le geste d'éteindre en sortant L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière L'électricien de la ville lumière