On a loué une maison, pas très loin d'Avignon À un vieux Polonais qui cherchait une mine d'or Il faisait bon dès l'aurore À regarder le ciel, dans un fauteuil en toile Et les poules imbéciles et le coq d'opéra Quand le café était prêt, une fenêtre s'ouvrait Et la mère bonne humeur commentait un de ses rêves J'ai les pieds gelés, mais je me souviens du mois d'août 95 Et tu tissais un gilet comme un stage d'artisan en maillot de bain du soir au matin Tes frangins faisaient des sprints à vélo sur une route déserte On allait chercher du fromage de chèvre frais, dans la ferme du haut Sur les chaises du jardin, le père barbu chauve pensait à Picasso Et la piscine était loin, mais ça faisait du bien Quand on arrivait, quand on arrivait On buvait du pastis comme si c'était de l'eau Tu voulais que je reste, tu voulais que je t'enlève Comme un premier amour On jouait à la pétanque comme des amateurs Et y a guère qu'un amateur pour cent mille navigateurs Un seul conteur pour cent mille baratineurs Des crampes dans le cou, les yeux qui me piquent Mais je me souviens ♪ On écoutait le mistral souffler sur la plaine On faisait l'amour sur le toit en regardant les étoiles Y avait rien à gagner, les journées passaient, tout était simple On ne croyait plus en rien, en rien d'autre qu'à l'instant Et ça jouait de la musique sur tous les sentiments Pas d'intrigues de village, pas d'ambition Juste une manière de vivre Une manière d'être Oui, je me souviens, je me souviens Mais il ne reste jamais rien de ce qui est vécu Quelques grains oxydés sur de la paraffine Et des souvenirs idiots mais qui donnent un peu de lumière Les jours de pluie