Dors petit homme Dors petit frère La nuit A Bahia de tous les Saints Bruisse de papier d'étain D'ombres dures et familières La nuit Tu t'endors le long des quais Près des fûts abandonnés Poings fermés dans la poussière Dors petit homme Dors petit frère La faim Met sa robe d'apparat C'est l'heure où l'on voit les rats Regagner les grands navires C'est l'heure Où des financiers au bras Les putains ouvrent leurs draps En forme de tirelire Dors petit homme Dors petit frère Parfois Tu écoutes les indiens Parler de mal et de bien Sur leurs siècles de misère Tu vois Le diable n'est qu'un pantin Qui s'évanouit au matin Quand tu lèves la paupière Dors petit homme Dors petit frère Hier Sur les toits jaune orangé L'oiseau qui te fait rêver A survolé la frontière