Nous étions étrangers et nous marchions ensemble Par la tour de Babel, il fallait tout changer En ce temps-là le rêve encore nous enveloppait Nous dormions enlacés sur des lys brisés Nous n'avions pas encore réussi à parler Mais tu pleurais parfois Et tes larmes formaient un fleuve clair Qui lavait mes soupçons Et faisait éclore en mon âme de fines fleurs Nous étions étrangers, mais ainsi nous voguions La lune mélancolique venait nous éclairer Nous avancions sûrement, mais un peu à tâtons Nos corps avaient déjà engagé la conversation Nous savions déjà tout sans avoir espéré Et l'ennemi accusait sans crier nos remous Et ça durait des heures Et les heures s'étendaient plus courtes et plus longues Le fleuve devenu fou semblait nous inspirer Il faisait éclore en mon âme de fines fleurs Nous étions étrangers dans le temps arrêté Quand la lumière de l'aube a surpris ces transports Tu fixais ton regard dans mes yeux transparents L'horizon encore sombre annonçait le décor Des paysages paisibles et des cieux plus cléments Nous ne savions rien de nous Mais nos bras enlaçaient doucement cet âge d'or