Le ciel est rouge et l'air est doux La terre est meuble sous mes pieds Comme si on l'avait retourné Pour enterrer quelqu'un dessous La nuit qui tombe au ralenti Sur les blondes allées du parc Trace autour de moi comme un arc Mais je ne bougerais pas d'ici Je pense à toi dans ce décor Le bac à sable est presque noir Ton souvenir me prend ce soir Tu m'apparais, je suis d'accord Tes yeux de chlore et de corail Brillant comme des puits d'ébétude Des fous rires hantés d'inquiétude Ta joie, tel un train qui déraille Tu étais comme un vieil enfant Caché dans une enveloppe adulte Marqué par le fer de l'insulte Des autres enfants de ton temps Oncle béni parmi les anges Auréolé d'un front trop large Ô toi le saint, ô toi le barge Ô toi le parrain de mes langes Le ciel est rouge et l'air est doux La terre est meuble sous mes pieds Comme si on l'avait retourné Pour enterrer quelqu'un dessous Tu vois ce banc où je me tiens Les mains posées sur les genoux À cheval entre chien et loup Ce banc pourrait être le tien Et dans ta caverne sans porte Fuyant le poids de la famille Tu récitais des litanies Moi j'attendais que tu ressortes Oncle béni qu'on ne veut plus Jamais assis auprès de nous Toi, le saint, ô toi, le fou Ô toi le parrain disparu Le ciel est rouge et l'air est doux La terre est meuble sous mes pieds Comme si on l'avait retourné Pour enterrer quelqu'un dessous