Au large du Gueveur Couverture d'azur Jetée sur un grand lit La mer en long murmure S'étale à l'infini Au loin la vague fume Comme un feu qui s'allume Que lèche les grands phares émergeant du brouillard Quand le flot se déchire Et se perd en soupirs 100 mille éclats de verre Brillent dans la lumière Dans les plis des grands vents La mer cache ses dents Qui taillent dans la toile Et découpent nos voiles Comme un requin d'écume Aux couleurs de la brume Un jour sans prévenir Elle croque un navire La nappe noire glisse à la surface lisse échappée du bateau Colle aux ailes d'oiseaux Quand le flot de bitume Couvre la blanche écume On sait qu'il est trop tard Pour redresser la barre Et la mer en silence Dérisoire vengeance Dépose tous nos rêves Sur le sable des grèves On devine Neptune Poings levés vers la lune Longtemps son paradis Nous sera interdit Qui rêve de voyage Souffre sur son ancrage Qui rêve de bateau Pense au bel esquilo Mais où sont les sirènes Quand après le Bolèn Tant de tankers sans coeurs Passe près du Gueveur Et quand le vent amène Son plein de Kérosène C'est colère et chagrins Dans le coeur des anciens Couverture d'azur jetée sur un grand lit Dans lequel tant des nôtres se sont endormis