La muse du temps passé (Louis Capart) Sur le chemin de l'école On disait qu'elle était folle Elle marchait souvent seule et racontait Des histoires comme j'aime Encore en vivre moi-même J'y retrouvais les poèmes que j'écrivais Sur le chemin de l'école On faisait des farandoles Mais jamais je n'ai osé prendre sa main J'étais pauvre bien plus qu'elle Je n'étais pas fait pour elle Mes projets lui semblaient trop enfantins La muse de mon passé Ma voisine de palier N'était pas la princesse de mon quartier Mais par elle j'ai souffert J'ai vu le monde à l'envers Et pourtant j'ai très envie d'en parler Je dessinais ses marelles Je crois que j'étais fou d'elle Je manquais de réalisme simplement J'étais premier de ma classe D'ailleurs j'en garde des traces Etre chanteur ce n'est guère brillant Mais quand on veut pour sa belle Etre l'homme universel Celui qui parle en algèbre couramment Il faut penser en gagneur Et être un jour le meilleur Je fus longtemps fonctionnaire à plein temps Un tantinet pointilleux Petit Rimbaud de banlieue J'ai écrit des poèmes et des longs discours Mais pour mes copains d'école Pas du genre qui console Un grand amour rime avec calembour Quand le charme de l'aubade Fait place à la rigolade Adieu mandoline et gentil troubadour On sait que dans les cantines Bien des têtes enfantines Ont du malheur un grand sens de l'humour La fille des farandoles Sur le chemin de l'école Mena sa vie de bien bizarre façon Les histoires comme j'aime Encore en vivre moi-même Un jour ont sombré dans la dérision Elle épousa pour sa peine Un gros mari plein de haine Pour tous les poètes et libres chanteurs Sur les chemins de l'école J'ai eu cette chance folle De n'être jamais l'élu de son cœur La muse de mon passé Ma voisine de palier N'était pas la princesse de mon quartier Mais par elle j'ai souffert J'ai vu le monde à l'envers Et pourtant j'ai... eu envie d'en parler