JE VOUDRAIS PRENDRE DES VACANCES Je voudrais prendre des vacances Me mettre en congé de l'ennui Vivre d'abord mes jours de chance Laisser pour plus tard les soucis Je voudrais par inadvertance Oublier la saison des pluies Découvrir en toute innocence Les menus plaisirs de la vie Que m'importe que l'on devine Mes rêves les plus anodins Je ferais du lèche-vitrine A la boutique du destin J'aurais pour toute discipline De ne jamais servir à rien Comme une force en ma poitrine Comme un courage qui me vient... Il est toujours trop facile D'avoir au cœur du jardin Parmi les plantes fragiles La ronce et le mauvais grain Je veux sans effort futile Sans peine au bord du chemin Sentir les parfums subtils Du chèvrefeuille au jasmin Je voudrais prendre des vacances Le matin et l'après-midi Et goûter cette récompense Chaque jour autant que la nuit Je voudrais par inadvertance Oublier tout ce qu'on m'a dit Sur le courage et la vaillance L'honneur du devoir accompli Je voudrais ce bonheur facile Juste à la portée de ma main Pendant que le temps se défile De remettre à vos lendemains Autant de gestes inutiles Que de longs travaux fastidieux Qu'enfin ma paresse jubile D'avoir le repos courageux Il est toujours trop facile D'avoir au cœur du jardin Parmi les plantes fragiles La ronce et le mauvais grain Je veux sans effort futile Sans peine au bord du chemin Sentir les parfums subtils Du chèvrefeuille au jasmin Je voudrais prendre des vacances Me mettre en congé permanent Dans un coin de mon existence Faire un tas de mes vieux tourments Je voudrais par inadvertance Oublier le geste important Et glissant sur la nonchalance Ne plus vivre à contre-courant Je voudrais ce bonheur facile De m'en aller seul dans mon coin D'avoir cette main malhabile Dont nul ne peut avoir besoin Et comme l'arbre légendaire Dont le bois est sans intérêt Je pourrais vivre centenaire Inutile mais satisfait