Les forteresses Louis Capart Quand on parle trop au fond des bistrots Le vin plonge nos rêves dans l'eau Les lois du pays se font loin d'ici Dans les bureaux du mépris Fragile ou puissant, tout est différent Selon que l'on soit enfant de pauvre pêcheur ou de professeur D'ouvrier, de sénateur Il y a des prisons qui taisent leur nom Des murs qui se dressent comme des forteresses Contre les manants qui sortent du rang Et les inconnus qui viennent de la rue La faim et la peur, comme le malheur Sont inscrits dans la tête et le cœur Chaque vie qui passe nous laisse la trace De ceux dont on prend la place Quand au fil de l'âge les traits du visage Nous confirment nos lourds héritages On fait allégeance à la persistance De siècles de ressemblance Il y a des prisons qui taisent leur nom Des murs qui se dressent comme des forteresses Contre les manants qui sortent du rang Et les inconnus qui viennent de la rue Bien sûr, au départ, pour être Mozart Il faudrait bien plus qu'une guitare Qu'une mélodie bonheur d'aujourd'hui Demain promise à l'oubli Les chants populaires même légendaires Sont ignorés dans les ministères Trop de vaniteux et de ténébreux Siègent toujours près des cieux Il y a des prisons qui taisent leur nom Des murs qui se dressent comme des forteresses Contre les manants qui sortent du rang Et les inconnus qui viennent de la rue On le sait déjà quand on vient d'en bas Les rêves sont de rudes combats Pour aller plus haut, quitter le ruisseau L'échelle a de gros barreaux On ne peut sans cesse vivre de promesses Dans l'ombre hostile des forteresses. Alors notre vie un jour s'affranchit Et brave les interdits Contre les prisons qui taisent leur nom Les murs qui se dressent comme des forteresses Chantent des manants qui sortent du rang Et des inconnus qui rêvent dans la rue