Sur les monuments des villages A la mémoire des morts sans âge Encore partis pour la dernière, c'est toujours la dernière Je lis les noms, j'entends les airs d'accordéon Et ces jeunes garçons qui valsaient Dans les fêtes populaires Certains quittaient l'accordéon D'autres laissaient les percussions Chacun son uniforme et chacun sa couleur L'étrange fierté se mêle à la douleur d'antan Sur l'autre rive j'écoute me parler un ancien combattant Le soir il n'y a plus de lumière Dans le village de ton grand-père Mais brille encore une lueur Dans le regard du tirailleur Oui c'est bien de la nostalgie Quand il parle de Paris Ville lumière dans sa grisaille Il raconte aux tout petits C'est lui qui pleure et puis tant pis En serrant très fort ses médailles De quand date-t-elle cette carabine Il faudrait changer la culasse Peut-on encore trouver ces vieilles pièces en France Malgré la vie qui ratatine Il s'en va tout seul à la chasse La chasse aux souvenirs, tranquille, tranquille dans son errance Mais combien de français Savent ce qu'il s'est passé Exactement à Thiaroye, camp militaire Ils ont arrosé l'arroseur Refusé sa solde au soldat Tiré sur le tirailleur et réécrit l'histoire encore une fois Les vieux papis mossis Se demandent eux aussi Pourquoi ils ont fait la guerre Les vieux grands-pères bantous Se demandent après tout Pourquoi avoir été militaires Toi qui finis là-bas Pour ton dernier combat Tu ne l'attends plus guère, la pension du soldat Ta victoire est ailleurs Et du haut de ton âge Tu parles de la paix, grand-père, aux enfants du village.