Ce matin à l'aurore je sens comme un air familier Un souffle une odeur une inquiétude fanée Comme un sursaut de conscience, Un recul opportun un décor intime qui me surprend soudain Et je peux la sentir, Elle me frôle je frissonne ma bien aimée Elle a changé de visage ma douce mélancolie Se réveille doucement les silences de la maison Le tic tac de l'horloge le battement d'ailes des papillons Les craquements du vieux bois, Les secrets des vieilles pierres les Murmures du vieux toit et l'odeur de la terre Et j'entend à l'étage, Ma couvée qui se réveille j'écoute les pas je Dévisage l'escalier, j'en fini pas de m'attendrir J'ai comme une envie d'éternité D'une saison écorchée j'ai rendu les Armes j'ai comme une envie de tout figer De m'abandonner dans ce joli vacarme L'odeur du café quotidien m'enlace Je trouve mon endormi qui doucement M'embrasse comme si notre sommeil eut été si profond Qu'on se serait manqué à foison Et je suis là toute chose Comme si le monde s'était mis sur pause Bêtement je sanglote dans la cuisine brille le soleil Je tends l'oreille, la marche qui grince Je découvre une frimousse qui ressemble au petit Prince le pyjama froissé retroussé sur le mollet Les yeux tout bouffis signent un bonjour muet Et blotti contre moi mon courageux aventurier Me raconte et moi je profite du monde qu'il a visité J'ai comme une envie d'éternité D'une saison écorchée j'ai rendu les Armes j'ai comme une envie de tout figer De m'abandonner dans ce joli vacarme Je sens comme un étourdissement, Une ivresse il faut que je l'admette je meurs de Tendresse ces touts petits riens, ces bouts de matin Ma piquante folie ne me fait plus rien N'est aussi bon que ce quotidien l'argent la gloire ont l'air malin Mon précieux désespoir se fait petit, d'amour et de force j'ai grandi.