Partition de septembre Le vent fait frissonner Des notes d'hirondelles sur les fils électriques Elles gagneront ce soir La Méditerranée Pour tisser de leurs becs des brindilles d'Afrique C'est le froid qui les chasse L'absence de pitance C'est le dernier charter d'oiseaux immigrateurs Il escorte un Boeing Qui part en Casamance Ces avions où l'on met des liens aux voyageurs Il fait nuit dans le zinc Les plafonniers s'allument Et les oiseaux saluent d'un regard au hublot Celui qui, dans ce vol, Va y perdre ses plumes Ses forces, son enfance, sa route ou son ballot Partition de septembre Mains noires et ventre blanc Ailes noires, fumées blanches coupent le ciel en deux Ceux qui restent regardent Ce triste cerf-volant Les yeux écarquillés passer au-dessus d'eux L'aéroport, des arbres Un troupeau de bœufs maigres, Des mouches, des chiens roux Il fait chaud à pierre fendre Des bras qui battent l'air, des hirondelles nègres Manège de la faim, partition de septembre Manège de la faim, partition de septembre.