J'ai huit ans, enfant de la rue J'ai pourtant une famille qui ne m'a jamais déçu Je trouve sur le pavé de nouveaux pères De nouvelles mères, des sœurs, des frères Mes points de repère 15 heures par jour, chauffeur de taxi Bien avant le jour, jusqu'à bien après la nuit Le labeur paye quelque soit Il me sourit alors, heureux de me voir Mon père est comme ma mère Laborieux, il me laisse solitaire Elle est bonne dans des bureaux Vide des corbeilles, passe des seaux d'eau On n'parle pas des embouteillages Elle n'a pas vu mon plus jeune âge Ma mère est comme mon père Laborieuse, elle me laisse solitaire J'ai huit ans, enfant de la rue J'ai pourtant une famille qui ne m'a jamais déçu Je trouve sur le pavé de nouveaux pères De nouvelles mères, des sœurs, des frères Mes points de repère 14 heures, je rentre de l'école Sans parents, sans icônes, sans idoles Comme les grandes, j'veux courir le pavé Dans leurs jupes courtes, je trouve des alliés Mes sœurs sont comme mes frères Attentives, elles se montrent solidaires Eux sont serveurs, clients ou moto-taxi Du Kasaï ou bien des Étouries M'offrent un mot, un sourire, un sucré Pas un travailleur d'la rue sans s'présenter Mes frères sont comme mes sœurs Attentifs, ils se montrent partageurs J'ai huit ans, enfant de la rue J'ai pourtant une famille qui ne m'a jamais déçu Je trouve sur le pavé de nouveaux pères De nouvelles mères, des sœurs, des frères Mes points de repère Entre deux voitures dans lesquelles elles montent Entre deux factures que les changeurs comptent Un jour comme un autre, au bar juste là J'ai accepté d'aller dans un drôle d'endroit Mes sœurs sont comme mes frères Occupées, elles me laissent trop faire Je l'connais pourtant ce gentil papa Chaque soir il m'offrait un soda Ne pas suivre les inconnus C'était l'conseil des filles de la rue Quand il commence à s'déshabiller Je veux fuir mais la porte est fermée