La rue la rue La rue m'attire malgré moi Et je vais, sans savoir pourquoi Au hasard, dans la rue Elle a des coins d'ombre De plus en plus sombres Nul n'en sait le nombre même moi Elle a ses misères elle a ses colères Elle a ses mystères comme moi La rue est féroce Elle est bonne ou rosse Douce ou bien atroce comme moi La rue est farouche Froide, laide et louche ... Pourtant on y couche Comme moi Il pleut, quelle boue en faisant la moue Chacun se secoue comme moi Mais les beaux dimanches Dans leurs robes blanches Roulant de la hanche comme moi Quand le soleil brille Il faut voir les filles Qui rient et babillent près de moi Et la nuit... poême Et bonheur suprême Dans la rue on aime Même moi Devant les terrasses Des gens viennent, passent La démarche lasse comme moi La nuit près des halles Traînant leurs sandales Des pouilleux très sales comme moi Vont coûte que coûte Pour chercher leur croûte Chacun les redoute Mais pas moi Puis la nuit s'achève Adieu les beaux rèves Et de froid l'on crève Comme moi La foule en cohue, Certains jours se rue Dans toutes les rues avec moi Elle hurle et crie Tempête, injurie, Prise de folie comme moi C'est une hécatombe Fusils, canons, bombes Et des hommes tombent près de moi Le peuple se venge on balaie la frange Et puis rien ne change Croyez moi!