Tous les champs de blé, champs de batailles Ou champs d'honneur sont en fleurs Les champs fauchés par la mitraille et la douleur Toutes les gueules cassées sont aux cimetières Ou aux musées des misères Gueules émiettées perdues en terre de sang mêlée Les champs de colza sous le soleil Font le berceau des tombeaux Ceux des soldats couchés pareil sous les drapeaux Dormez, petits pères Sous les tombes ou dans les champs C'était une guerre de boue et de sang Dormez, petits frères Elle aura bientôt cent ans C'était votre guerre Vous aviez vingt ans Les corps éclatés, Chemin des Dames Nourrissent encore le décor Les corps broyés fondus aux arbres ensemencés Restent les poilus sur les images Regards éteints, à Verdun Pauvres poilus cloués sans âge à leur destin Et des deux côtés de la frontière On lit le nom des soldats Tous empilés le long des pierres et sur les croix Dormez, petits pères Sous les tombes ou dans les champs C'était une guerre de boue et de sang Dormez, petits frères Elle aura bientôt cent ans C' était votre guerre Vous aviez vingt ans Dormez petits pères Dans nos mémoires infiniment Ulrich ou Jean Pierre, couchés dans les champs Dormez comme des frères et l'on ne dira plus jamais Qu'il faut faire la guerre Pour gagner la paix