Les gens sont faits de paysages Villes d'argile ou bords de mers Fernand, vu qu'il est d' mon village C'est peu d'étés et durs hivers C'est presque à hauteur de nuages Les deux pieds plantés dans la terre C'est neige, c'est vent qui voyage Par les forêts, sur la frontière Et sa chanson qu'est un oiseau S'envole haut dès le matin C'est qu' le bonheur se lève tôt C'est qu'on s'en va gagner son pain Connaît les combes et les tourbières Les longues crêtes les longs prés Tous les ruisseaux, sang de la terre Tous les hameaux et leurs secrets Sous leurs grands toits les maisons grises Se sont fondues dans le décor Peu de fenêtres, peu de prise A la bise qui vient du nord Et sa chanson qu'est un oiseau S'envole au dessus des sapins La pipe au bec et sac au dos Court la montagne, et les chemins Il a vu bâtir les usines Passer les foules d'ouvriers En vestes, en bleus, en pèlerines Qui nourrissaient les ateliers Se sont fermées l'autre après l'une On a appris au long du temps A recevoir bonne fortune Puis mauvaise pareillement Et sa chanson qu'est un oiseau S'envole et va conter au loin Les jours, les peines, les travaux Et le courage des anciens Chaque printemps les sources chantent Chaque été ramène les blés Sans cesse la nature enfante Que c'est miracle à regarder Certains se voient maîtres du monde Fernand, lui, sait qu'on est bien peu La vie ce n'est qu'une seconde Qui s'éloigne dans le ciel bleu Et sa chanson qu'est un oiseau S'envole et va dire aux humains Que le monde pourrait être beau Faudrait qu'on s' tende la main Faudrait qu'on s' tende la main