Me v'là de retour de la grande ville Quinze ans d' labeur j'avais pas le choix Qu'est-ce qu'on retrouve après l'exil Qu'est-ce qui reste ici d' mon chez moi J'avais le souvenir d'un paysage Où je courais quand j'étais p'tit Rochers ruisseau berges sauvages Et v'là que j'ai les cheveux gris V'là qu' mon ruisseau est en canal Y a plus de champ d' blé sous le soleil Mais toute lisse une zone commerciale Là où bourdonnaient mes abeilles Et sur le bois d' mes amours d'enfance Z' ont mis des éoliennes paraît Paraît que c'est le progrès qu' avance Le bonheur viendra juste après J'avais dans la tête un village Qui dormait juste à cet endroit Le temps pressé tourne ses pages Tout c'qu'est fauché repousse pas Y avait le Café des Amis Trois tables et un comptoir usé A côté la vieille épicerie Avec son odeur de renfermé A leur place 'z'ont mis c'est malin Un pub avec un nom anglais Et là où on achetait notre pain Un distributeur à billets Mon bled a pris du tour de taille Et un coup de jeune diront certains Quartier d' villas rues en pagaille Moi ce que j'en dis ben j'en dis rien Savez-vous qu'untel et une telle Non, c'est pas vrai! Mais si je vous le dis Ça chuchotait dans les ruelles Ça cancanait c'était la vie Quant aux cons y en avait pardi Mais on savait qui et pourquoi C' qui fait qu'une certaine harmonie C'est drôle à dire régnait par là Ça se retrouvait les jours de fête Rasés en habits du dimanche Y avait l'accordéon musette Et ça s'embrassait sous les branches Maintenant le nez dans leur portable Les gens se croisent chacun pour soi Sont-ils chômeurs sont-ils comptables Sont-ils heureux ça on le sait pas Me reste à suivre les nuages J'ai plus rien à faire par ici A croire qu'avancer dans son âge C'est un peu changer de pays