Arrivé au bout de mon âge Dans un siècle déjà vieilli Tout ce que j'ai dans mes bagages C'est que du vent, ça me suffit C'est que des chants, les chants des hommes Je ne connais rien de plus beau Ils sont tout au fond de moi comme Mille romans, mille tableaux Que quelque part des voix s'élèvent Graves et hautes réunies Et s'ouvrent, les ailes du rêve Vers ailleurs, où tout est promis Chanter, c'est vivre un peu plus C'est respirer à plein ciel bleu C'est espérer que jamais plus Un enfant ne sera malheureux Chanter, c'est dire la fenêtre La table, le morceau de pain Le premier soleil qui va naître Les riens qui font le quotidien Chanter, c'est saluer d'abord Les oubliés des premières pages Celles qui se lèvent à l'aurore Ceux pour qui chaque jour est courage C'est dire la vague qui nous porte Plus haut que tout lorsque l'amour Vient déposer à notre porte Sa hotte pleine de beaux jours Chanter, c'est la main tendue Le cœur qui s'offre généreux C'est espérer que jamais plus Un enfant ne sera malheureux Chanter les souffrances, les peines Trouver les images et les mots C'est ensemble, porter les chaînes C'est se partager le fardeau Chanter, c'est se tenir debout En pleine lumière insolente Si ça peut faire prendre des coups Ça peut faire tomber les tyrans Chanter, c'est à travers le temps Et l'espace, jeter un pont Comme nous chantons ceux d'avant Ceux de demain, nous chanteront Chanter c'est libre et têtu Veiller, entretenir le feu C'est espérer que jamais plus Un enfant n'sera malheureux