Traduction "La reine cannibale": En passant un jour par Koad-ar-Vezh* J'ai trouvé cachée sous les ronces Sous les ronces rouges et les orties Une vieille croix en pierre Je l'ai découverte et fleurie D'un bouquet de Reines* L'esprit du lieu m'a remercié Il m'a raconté son histoire Et j'en ai fait une Gwerz. Le jeune prince Nan ce jour-là Demandait à son père et à sa mère -Père, mère si vous m'aimez Si vous m'aimez, je vous prie Père, mère, mes chers parents Me laisserez-vous rendre visite Rendre visite à ma bien-aimée Ma chère bien-aimée la reine La grande reine du Pays-des-Montagnes? -Nous ne le ferons pas Non, pour rien au monde Cette femme est rude et cruelle D'après ce que l'on dit Cette femme est une folle meurtrière D'après ce que l'on entend Elle a eu six époux Ils ont tous disparu Oui, tous ont disparu Ne soyez pas le septième! Mais le prince éperdument amoureux Et tenace plus encore Et tenace plus encore De partir malgré tout lui rendre visite Lui rendre visite en pleine nuit Tout le monde endormi. Comme il arrivait au pays de sa bien-aimée Les cloches de la cathédrale sonnaient Les cloches sonnaient aux deux tours Différemment dans chacune d'elles Dans celle de gauche tristement Dans celle de droite joyeusement Et le prince stupéfait de demander Aux habitants réunis sur le parvis Dites-moi, dites-le sans détour Pour qui donc sonnent les cloches Pour qui donc sonnent-elles Chacune de manière différente Pour qui donc sonne le glas Dans la tour de gauche Pour qui donc sonne la noce Dans celle de droite? Une vieille femme le reconnut Et lui répondit ainsi Bonjour à vous seigneur Je vais vous le dire volontiers La première sonne pour l'ancien roi La mort l'a emporté cette nuit La première sonne pour le roi défunt La seconde pour votre mariage à venir! . -Bonjour à vous grande reine Je suis Ildut frère du prince Nan J'arrive d'un lointain pays J'arrive de Basse-Bretagne Vous demander ici Ce qu'il est advenu de mon frère Je suis sans nouvelles de lui Depuis maintenant trois mois? -Bonjour à vous aussi seigneur Bonjour à vous venu m'enquérir Bonjour à vous venu d'un lointain pays Je vais vous répondre de bon gré Votre frère qui est aussi mon époux Est allé chasser à Koad-Ar-Vezh Votre frère qui est aussi le roi Est allé chasser le sanglier Seigneur ne vous inquiétez pas Il sera de retour dans une heure Il sera de retour avant la nuit Asseyez-vous, je vous prie Asseyez-vous en attendant À notre table pour festoyer Asseyez-vous près de moi Nous avons toutes sortes de vins De vins rouges et blanc De vins rouges et blancs Des meilleurs qu'il soit Et de la viande savoureuse à souhait! . Ildut au bout d'un moment D'un long moment, rassasié D'un long moment, repu Demandait à nouveau à la reine Demandait à la jeune femme La gorge serrée Voici une heure passée Une heure, deux et trois de plus Voici quatre heures passées Mon frère n'est toujours pas de retour Dites-moi enfin la vérité Qu'avez-vous fait de lui? Quand la reine l'entendit Son visage se métamorphosa Et devint rouge comme le feu Le feu ardent d'un volcan Quand la reine l'entendit Ses yeux clairs s'assombrirent Ses yeux clairs s'assombrirent Comme le ciel avant l'orage Et de répondre en ricanant Sa langue comme un fouet Ton frère, puisque tu veux savoir Regarde bien, il est devant toi Ton frère, si tu veux le voir Regarde ton plat et tu le trouveras Tu y trouveras ses os C'est tout ce qu'il en reste! À peine avait-elle fini de parler Qu'un autre ricanement se fit entendre Un autre ricanement se fit entendre En écho derrière le porche En écho derrière la grande entrée Celui d'un homme Le prince Nan en personne, alerte Grâce à Dieu, il était vivant! Et d'interpeller la reine cruelle Quand il apparut dans la salle Et d'interpeller la reine toute blême Comme si elle venait de voir l'Ankou Ma chère épouse vous vous trompez Je suis toujours d'un seul morceau Mais votre boucher, je ne dis pas! Je suis toujours d'un seul morceau Je vais vous le prouver sans attendre! Et de dégainer son épée Pour lui ôter la vie Mais son épouse voyant cela De fuir autant qu'elle put De s'enfuir à toutes jambes Et la voici hors de chez elle Et la voici dans la rue Et de s'évanouir dans la nuit noire! Et le prince Nan de hurler de rage Son jeune frère le calma bien vite Frère Nan, ne vous emportez pas Elle n'ira pas loin ainsi, croyez-moi J'ai versé dans sa coupe Un poison mortel sans être vu J'y ai vidé toute la fiole! . -Chasseurs de Koad-Ar-Vezh Qui revenez de la forêt, dites-moi N'est-ce donc que cela que vous rapportez Un brancard de lambeaux de chair! Un brancard de lambeaux de chair! Et malgré tout vous marchez allègrement Et malgré tout vous marchez allègrement L'air satisfait et serein L'air serein et satisfait En chantant à tue-tête En chantant tous gaiement La bête dont vous portez les restes Devait être bien nuisible! -Nuisible! Vous ne pouvez mieux dire Et insatiable croyez-le Elle en a dévoré plus d'un Mais elle ne fera plus aucun mal Nous n'aurons plus à la craindre Elle n'est autre que notre reine infâme Nous avons trouvé sa dépouille dans la forêt En proie aux corbeaux et aux corneilles Nous avons trouvé son cadavre si abîmé Qu'on ne pouvait la reconnaître S'il n'y avait eu sa couronne d'or Dans ce qui restait de son corps Nous n'aurions pu deviner que c'était elle! En passant un jour par Koad-ar-Vezh J'ai découvert cachée sous les ronces Sous les ronces rouges et les orties Une vieille croix en pierre Une vieille croix en pierre Mise là par une bonne âme À la mémoire de la reine À l'endroit où elle perdit la vie. *La forêt de la honte