Ces derniers temps, j'vois tout en gris, le monde autour n'est qu'une lithographie Les démons écrasent les saints, l'époque fait sa mammographie L'esprit épris des pires doutes, j'évite les regards des gens Et puis épuise mes dix roubles bien à l'écart des genres Métropolitain vers mes esquisses de vie J'en ferai p't-être des toiles ou bien des disques de rimes Le cœur se tait puisque l'amour a avalé sa langue La bouche sèche, mon espoir n'est qu'un marais salant On vise toujours autre chose et on s'y pète les dents Il n'y a qu'des fragments d'os dans la chair des gens Et on avance ainsi en terre adulte Laissant derrière la jeunesse que nos pertes adulent Pas de magie, j'ai abattu la mauvaise carte La joue sur le tapis, j'ai mangé la mauvaise tarte Le dos en pièce, j'ai limité la fuite Il me faudra une nouvelle prod pour éviter la cuite J'ai perdu quelque-chose entre ici et là J'attends, mais toujours pas de signe, hélas Pendant qu'le temps fait son affaire Des vies contre des vies, les nôtres ne sont que passagères Logique, il paraît que c'est la place du mort Et nos villes sont désertes comme la glace du Nord Bienvenue dans mon isba Sûrement qu'j'me fais des films, pourtant, je ne réalise pas Sorte de dernier romantique comme Eugène Delacroix Mélancolie me colle à l'âme, un peu comme de la poix D'un blues l'autre, je n'suis qu'un torrent ivre L'amour et l'écriture: mes trop rares moments libres Loyer, factures, bouquins épuisent le peu d'ma paye Ma plume vise le haut, elle n'est qu'un jeu d'marelle Parti à la recherche de c'que l'existence donne De retour sans or et moitié mort comme Jack London N'ai croisé que l'illusion en guise de père du temple Me dissolvant lentement dans le scorbut de l'ère du temps J'ai perdu quelque-chose entre ici et là J'attends, mais toujours pas de signe, hélas