Autrefois Yahvé vint prendre thé Chez son vieux pote Abraham Il lui dit Mon vieux, t'as l'air de douter Je dois éprouver ton âme Si tu crois en moi, si j'ai ton soutien En un mot, si t'as la foi Ton petit vaurien de fils qui fout rien Tu l'immoleras pour moi Toi t'aurais jamais fait ça, papa Non t'aurais jamais, jamais fait ça Faut dire qu'Abraham approchait alors Plus ou moins cent quarante ans Qu'il fût quelque peu fêlé sur les bords C'est bien possible et pourtant Il partit dès l'aube du lendemain Emmenant son fils avec lui Et sans dire un mot il prit le chemin Dont Yahvé l'avait instruit Toi t'aurais jamais fait ça, papa Non t'aurais jamais, jamais fait ça Pourquoi tant de bois? demande Isaac (Tel était le nom du fils) Son père lui répond sans le moindre trac On va faire un sacrifice Épatant! dit l'autre, mais où est l'agneau? Sans mouton, pas de méchoui Mais soudain le vieux brandit son couteau Soudain le fils a compris Toi t'aurais jamais fait ça, papa Non t'aurais jamais, jamais fait ça On connaît la suite: l'Ange est arrivé Stoppant le bras du prophète Faut croire que la chose amusa Yahvé Puisqu'un jour il l'a refaite Des siècles plus tard, sous un autre nom Il envoie son propre fils Crever sur la croix, mais pas d'ange, non Pour le soustraire au supplice Toi t'aurais jamais fait ça, papa Non t'aurais jamais, jamais fait ça Toi t'aurais jamais fait ça, papa Non t'aurais jamais, jamais fait ça, papa!