La si tant vieille Nanon Avait un bouc très prolifique Et tous les fermiers du canton A ce bouc, amenait leurs biques On payait cinq sous seulement Pour ce nouveau droit de cuissage Le fermier s'en allait content Et la chèvre encore davantage Ah! C'était un fameux luron Le bouc à la vieille Nanon Comme plus de vingt fois par jour Le bouc était mis à l'ouvrage Nanon, au bout d'un temps très court Eut deux cents écus en partage Le maire du pays, jaloux, se dit: Si j'achetais la bête Moi, je ferais payer dix sous Ma fortune serait bientôt faite Ah! C'était un fameux luron Le bouc à la vieille Nanon Le marché fut vite conclu Pour une somme rondelette Nanon empocha les écus Et le maire emmena la bête Bellement, il vous l'installa Dans un bureau de la mairie Et sur la porte, l'on grava Cette inscription "Ici, bureau des saillies" Ah! C'était un fameux luron Le bouc à la vieille Nanon Le lendemain, trente fermiers Au bouc, amenèrent leurs chèvres Mais le maire dut constater Qu'il y a loin de la coupe aux lèvres Ce bouc, naguère, si fougueux Refusant ses faveurs de mâle S'en allait, le grand paresseux S'endormir dans un coin d' la salle Ah! C'était un fameux luron Le bouc à la vieille Nanon Le maire s'en fut chez Nanon "Votre bouc ne veut plus rien faire" Lui dit-il d'un air furibond "Expliquez-moi donc cette affaire" Mais la vieille, sans sourciller Dit "Pas étonnant, monsieur le maire Qu'il ne veuille plus travailler Dame! Vous en avez fait un fonctionnaire" Ah! C'était un fameux luron Le bouc à la vieille Nanon