Il est des êtres beaux comme un matin du monde Des êtres déchirants comme un amour enfui Ils passent lumineux sur nos vies moribondes Comme un jour qui se lève éteint la vieille nuit Leur corps à l'élégance et les tranchants des glaives La transparence aussi et l'éclat du diamant Leur plus petit sourire c'est la grâce d'un rêve Plus douce est leur clarté que celle du firmament Sur leur visage d'ange erre encore une enfance Que leurs sourcils tempèrent d'un air de gravité Derrière leur front buté brûle l'intransigeance Et dans leur regard pur flamboie la vérité Vous portez devant eux le poids des millénaires Toutes vos vies passées viennent peser sur vous Par la fange des ans sont closes vos paupières Vous êtes par vous-même éclaboussé de boue Mais l'oiseau de leur main sur votre bras se pose L'impression de souillure aussitôt s'évanouit Quelque chose en vous change et se métamorphose Sous votre chevelure un astre s'épanouit Et vous voici avec au cœur une fêlure Voici que craque en vous le mur d'une prison Une fenêtre s'ouvre sur une autre nature Où des soleils-poèmes dorent d'autres horizons Puis ils s'en vont portant l'aube comme un diadème Vous restez ébloui croyant encore les voir Sachant que jamais plus vous ne serez le même Même si vous ne devez plus jamais les revoir