Un matin que j'étais Sur la montagne de Brasparts À regarder l'automne sur le lac Et les oiseaux sur le départ J'aperçus deux personnes Assises ou plutôt posées Sur l'herbe rincée de rosée La femme souriait Sous le cristal des dentelles Et ce sourire mettait près des yeux Des rides qui la rendaient belle Belles aussi elles étaient Ses mains sur le tablier Brodé de dessins oubliés La chevelure de l'homme Échappée de son chapeau Couvrait d'argent le col et le dos Il chantait pour le jour nouveau S'envolaient les paroles anciennes D'une chanson d'amour Parlant de guerre sans retour Si douce était sa voix Quand elle me dit en breton Celui que j'aime est libre à présent C'est moi Marig ar Pollanton La montagne se couvrit de givre Quand ils sont partis Mon dieu le froid que j'ai senti Le soleil autour d'eux Ornait l'air de longues lignes Pareilles aux parures des fées Et de sa main elle m'a fait signe Et puis ils disparurent tous deux J'ai vu s'envoler Deux oiseaux sur le Yeun Elez