Un jour, il apparaît dans un chaton timide Ou dans un perce-neige aux bosses d'un fossé Puis il devient si grand que sur son front splendide Le chaud soleil renverse ses cheveux tressés Sur le ciel des enfants il peint des auréoles Pour colorer de rose le coton des matins Pour attendrir de bleu le préau des écoles Que la nuit de l'hiver laisse blême et déteint Avec l'aiguille des pins et la soie des averses Il recoud les lambeaux des beaux étés défunts Quand les guerriers de mars de leurs épées le percent Il offre aux fleurs de éparses les parfums de son sein Sous son souffle partout jaillit la fiançaille Et crissent dans son rire les frais grêlons d'avril Sur ses joues les poissons reflètent leurs écailles Le moineau vient nicher jusque dans son nombril D'un coup de sa baguette il dépose des perles Des colliers de coucous sur les prairies de mai Il fait son grand ménage aux clairs sifflets des merles Les genêts du bocage fleurissent ses balais Et puis, un jour de juin, quand bourdonnent les mouches Dans la chaleur ardente et l'odeur du foin mort Les flots de sa semence épuisés sur sa couche Saoul d'amour et de danse, le printemps s'endort