La complainte du progrès ♪ Autrefois pour faire sa cour, on parlait d'amour Pour mieux prouver son ardeur, on offrait son cœur Maintenant, c'est plus pareil, ça change, ça change Pour séduire le cher ange, on lui glisse à l'oreille Ah, Gudule, viens m'embrasser Et je te donnerai Un frigidaire, un joli scooter Un atomixeur et du Dunlopillo Une cuisinière avec un four en verre Des tas de couverts et des pelles à gâteaux Une tourniquette pour faire la vinaigrette Un bel aérateur pour bouffer les odeurs Des draps qui chauffent, un pistolet à gaufres Un avion pour deux et nous serons heureux Autrefois s'il arrivait que l'on se querelle L'air lugubre on s'en allait en laissant la vaisselle Maintenant, que voulez-vous, la vie est si chère On dit "rentre chez ta mère" et l'on se garde tout Ah, Gudule, excuse-toi Ou je reprends tout ça Mon frigidaire, mon armoire à cuillères Mon évier en fer et mon poêle à mazout Mon cire-godasses, mon repasse-limaces Mon tabouret à glace et mon chasse-filous La tourniquette à faire la vinaigrette Le ratatine-ordures et le coupe-friture Et si la belle se montre encore rebelle On la fiche dehors pour confier son sort Au frigidaire, à l'efface-poussière À la cuisinière, au lit qu'est toujours fait Au chauffe-savates, au canon à patates À l'éventre-tomates, à l'écorche-poulet Mais très, très vite, on reçoit la visite D'une tendre petite qui vous offre son cœur Alors on cède car il faut bien qu'on s'entraide Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois Et l'on vit comme ça jusqu'à la prochaine fois Et l'on vit comme ça Jusqu'à la prochaine fois