Il a dévalé la colline. Ses pieds faisaient rouler des pierres. Là-haut, entre les quatre murs, La sirène chantait sans joie. Il respirait l'odeur des arbres, Il respirait de tout son corps. La lumière l'accompagnait et lui faisait danser son ombre. Pourvu qu'il me laisse le temps... Il sautait à travers les herbes. Il a cueilli deux feuilles jaunes gorgées de sève et de soleil. Les canons d'acier bleu crachaient de courtes flammes de feu sec. Pourvu qu'il me laisse le temps... Il est arrivé près de l'eau, il y a plongé son visage. Il riait de joie! Il a bu. Pourvu qu'il me laisse le temps... Il s'est relevé pour sauter Pourvu qu'il me laisse le temps... Une abeille de cuivre chaud l'a foudroyé sur l'autre rive. Le sang et l'eau se sont mêlés Il avait eu le temps de voir Le temps de boire à ce ruisseau Le temps de porter à sa bouche, Deux feuilles gorgées de soleil. Le temps de rire aux assassins, Le temps d'atteindre l'autre rive, Le temps de courir vers la femme. Juste, le temps de vivre...