La pluie a fait place à la neige Sur les arbres aux troncs calcinés Pour le bon plaisir des stratèges La guerre alors s'est enterrée À Vauquois sous les amas de ruines On creuse sapes et galeries Pendant quatre ans la guerre des mines Va cracher la mort sans répit Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Les poux, la vermine et la crasse La puanteur, les rats, la boue Les pieds pourris dans les godasses Les pilonnages qui rendent fou La peur étreint les camarades Au lance-flammes mourir grillé Au gaz moutarde, à la grenade Leur fosse commune c'est la tranchée Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Dans le vacarme abominable À l'assaut de nuit comme de jour Les hommes tombent, innombrables Et agonisent sans secours L'épouvante après l'hécatombe Les cris des blessés, des mourants Nombre d'entre eux n'auront pour tombe Qu'un champ de boue gorgé de sang Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Dans les cratères du champ d'horreur Dans les béances des trous d'obus Les insectes, les arbres et les fleurs Emportés avec les poilus Cette nature, ces êtres de chair Comment les tirer de l'oubli? En refusant toutes les guerres Celles de demain, celles d'aujourd'hui Nous ne voulons plus de ces souffrances La vie s'arrête où la guerre commence Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus Aucun oiseau ne chante plus Au ravin des enfants perdus