Adu a 16 ans Il les a fêtés hier Près de Ceuta au Maroc sur une colline face à la mer De sa tente ça fait 3 mois que son regard se noie dans le grand bleu Au loin il voit l'Espagne ptet même son avenir Si il plisse les yeux Chaque matin les ventres parlent et le réveillent à la place du coq Adu n'est pas seul dans la tente à s'être converti ventriloque Dans le ciel azur les mouettes le narguent tous les jours Elles vont Et viennent Et se moquent bien des permis de séjour Au hasard il en attraperait une pour lui demander si Elle aurait pas vu sa mère à El Khalil au nord du Mali Avec comme seul heritage Des souvenirs flou de son visage Qu'ils bercent doucement dans l'oubli Adu remarque pas qu'il est dja minuit Et c'est là qu'elle sort Brillant dans la mer, son visage Flou comme sa mère Pris par l'imagination d'un amour oedipien D'un souvenir Et ses travers C'est une sirène Et le lendemain Adu en parle A tous ses potes ses copains C'est pas des conneries dit il La lune en était témoin Et dans leurs visages de mépris Adu voit qu'ils ont autre chose sur le cœur Ça fait 4 mois qu'ils basent leurs espoirs sur la malhonnêteté des passeurs On lui dit Adu grandit C'est pas ça la vraie vie T'as l'air perdue ici T'aurais due rester au Mali Ainsi touché dans sa fierté Intoxiqué par le désespoir Adu se rapproche du rivage Et attend qu'il fasse tout noir De ses 2 mains il prend sa bouée Son gilet son courage Même si l'Europe est contre lui Lui il ira à la nage Décision arbitraire rapide Sans référendum Adu se lance dans les ténèbres Du plus grand cimetière des hommes L'eau glacée s'engouffre dans ses vêtements Lui refroidissent l'abdomen Les vagues le font danser L'embrassent et puis l'entraînent Au large des côtes du Maghreb Où une tempête le précède Le courant défait sa volonté La pluie éclabousse ses cris à l'aide Et alors que Gibraltar s'éloigne Adu se demande S'il y a vraiment quelqu'un plus haut Sans option il demande pourquoi A la lune qui rayonne T'facon Dieu répondrai que c'est pas lui Que c'est la faute Des hommes Effleuré Et alors que ses forces le quittent Avec l'air de sa bouée Quelque chose l'a Effleuré Sous l'eau noir une présence sereine Une ombre de lumière qui a répondu à sa peine C'est C'est elle De près elle est encore plus belle Elle l'embrasse et l'entraîne Dans les profondeurs avec elle Sans aucun regard vers la surface Adu quitte un monde qui le dépasse Il descend, dans un grand silence Quitte les vagues qui grondent et qui dansent En tandem avec sa sirène Il sent l'eau submerger ses rêves Ses desirs de vie européenne Emmené au royaume de l'oubli Adu ferme les yeux et sourit Il rentrera pas au Mali Il verra jamais Londres, Madrid Ou Paris