À pas de loup la paix Jean Vasca Quand tout s'endormira quelque part dans les givres Que ne glisseront plus de nous que des eaux lentes Mêlant leur transparence à des bruissements d'ailes Des fouillis de reflets à des mouvements doux Quand nous ne serons plus que quelques barques vides Sans marées sans amarres sans idée de retour Avec pour seule saison une éternelle enfance Et pour seule musique des rumeurs d'hirondelles Quand le temps brûlera sur le cadran solaire Ces dernières secondes et qu'une flèche noire Brisera d'un seul jet le centre de la cible Que partout régneront l'immobile et le blanc Quand enfin le silence imposera sa neige À ces vacarmes vains ces fracas et ces cris Que nous ne serons plus qu'une infime fréquence S'en allant se refondre au chant universel Alors viendra peut-être à pas de loup la Paix