Belle Madeleine, robe de satin ébène, Belle, cheveux mandarines, Fragile opaline de 17 ans, Parmi les neiges coiffes de dentelle Et chapeaux paille des marchands. Carmines balles de laine Au marché de Pont-Aven Et sous pluie de rubans; Gauguin est là qui dit que d'amour t'aime Mais toi belle le vas fuyant. Belle Madeleine, courre à courre vers l'Aven, Ondoyante colubrine, Entre les rochers jaunes-safran, Gauguin t'y presse et lors en sardinelle, Madeleine, t'y vas changeant. Tes longs cheveux mandarines Sur tes écailles ivoirines Font pluie de rubans, Dans les blés rouge-feu cerclés d'ébène Et l'ombre verte du torrent. Belle sardinelle, nage nage à perdre haleine, Sur ta peau brigandine Les doigts de Gauguin glissent en vain; Tes longs cheveux mandarines Sur tes écailles ivoirines, Buisson d'algues sang. Belle sardinelle, blanche l'écume t'entraîne, Vers l'onde outremarine, Les jaunes collines de l'orient; Là, de mourir ton amour et de peine Tu t'endormiras cent ans. En barque de porcelaine T'en reviendras, Madeleine, Portée par le vent, Jusqu'à la route bleue cerclée d'ébène Qui mène Brest à l'océan. Merveille: chêne rouge cerclé d'ébène Et pommier bleu au jour levant.