Auregan, fille au sein blanc Libertine et païenne Blonds cheveux, cœur brûlant Ne comptait plus ses amants En repentance à vingt ans Elle épouse en chrétienne Le dévotieux marquis De Kertan Lors au clerc de Saint-Jean Elle dit son consentement Robe grise sans dentelle Non plus de rubans Mais après les covents De l'arrière banc ni du banc Nul ne trouva la fête La nuit tombant ♪ Seuls au bal et sans leurs gens Le marquis et la belle Dansent des pastourelles Les ménétriers sonnant Mais en l'Ankou se mutant Le prince de mort jette Sur sa sombre charrette Auregan Lors son cheval cinglant Sourd aux plaintes d'Auregan Il endiable la cavale Trois jours durant Sous la grêle bondissant La charrette va grinçant Dans des jets d'étincelles Vers l'enfer se ruant Mais du bal en revenant Le ménétrier croise Le tourmenteur bouillant Son vieux cheval écumant Tout à bout d'épuisement À boire à la fontaine Sous les branches d'un chêne Au couchant Sa citole arpégeant Une berceuse lui jouant Le musicien ensorcelle L'Ankou céans Et quand dort le brigand Pieds et poings lui attachant Dans un gouffre il le jette Vers l'enfer plongeant