Assise au bord de mon lit La première femme de ma vie Me caressait de ses grands yeux bleus gris Enrobée de papiers crépons Parée de bijoux de bois Elle fumait une Alain Delon Et me regardait moi Sur la peau pâle d'une épaule Deux lettres de cyrillique Et la blessure d'une bretelle rouge brique Et dans la voix un grain de poivre Ce tout petit pépin piquant et doux Qui me plaisait par dessus tout Un grain de poivre Ce tout petit pépin piquant et doux Qui me berçait, qui m'endormait Elle parlait en langue étrangère Parfois remuait les mains Moi je n'y comprenais rien Mais j'étais bien Fakir dans le chaud et le froid Brasero sous les flocons Je respirais le joli son De sa voix Du grain de poivre Ce tout petit pépin piquant et doux Qui me plaisait par dessus tout Un grain de poivre Ce tout petit pépin piquant et doux Qui me berçait, qui m'endormait Le jour se lève elle évapore La première femme de ma vie Reviendra-t-elle si je me rendors? Me reparlera-t-elle?