Imaginez le vol de milliers d'oiseaux Sur un lac d'Afrique ou des Amériques; Le Tanganyika ou l'Erié Ou un de ces lacs des Tropiques du Sud qui s'aplatissent Et fondent dans la terre. Voyez ces balans d'oiseaux, ces essaims. Vous concevez la spirale qu'ils dénouent Et sur laquelle le vent coule. Mais vous ne saurez pas les dénombrer vraiment Pendant leur lancer tout en crête et ravine, Ils montent et ils descendent hors de la vue, Ils tombent et s'enracinent, Ils repartent d'un seul cran, Leur imprévisible est cela-même qui les relie, Et qui tournoie En deçà de toute science. Leur beauté frappe, S'enfuit. Puis la nuit surgit, qui vous stupéfie. Leurs ailes sont d'éclat Et leurs ventres d'ombre, Vous ne les avez pas vus répandre, Là sur les bords Et là sur les écumes noircies, Le linge damassé De ce silence qu'ils font.