Voir le nombril d'la femme d'un flic N'est certainement pas un spectacle Qui du point d'vue de l'esthétique Puisse vous emmener au pinacle Il y eut pourtant dans l'vieux Paris Un honnête homme sans malice Brûlant d'contempler le nombril D'la femme d'un agent de police "Je me fais vieux" gémissait-il "Et durant le cours de ma vie J'ai vu bon nombre de nombrils De toutes les catégories Nombrils d'femmes de croque-mort, nombrils D'femmes de bougnat, d'femmes de jocrisse Mais je n'ai jamais vu l'nombril D'la femme d'un agent de police Mon père a vu, comme je vous vois Des nombrils de femmes de gendarme Mon frère a goûté plus d'une fois D'ceux des femmes d'inspecteur, les charmes Mon fils vit l'nombril d'la souris D'un ministre de la Justice Et moi j'n'ai même pas vu l'nombril D'la femme d'un agent de police" Ainsi gémissait en public Cet honnête homme vénérable Quand la légitime d'un flic Tendant son nombril secourable Lui dit "Je m'en vais mettre fin À votre pénible supplice Vous faire voir le nombril, enfin D'la femme d'un agent de police" "Alléluia", fit le bon vieux "De mes tourments voici la trêve Grâces soient rendues au Bon Dieu Je vais réaliser mon rêve" Il s'engagea tout attendri Sous les jupons d'sa bienfaitrice Braquer ses yeux sur le nombril D'la femme d'un agent de police Mais hélas, il était rompu Par les effets de sa hantise Et comme il atteignait le but De cinquante ans de convoitise La mort, la mort, la mort le prit Sur l'abdomen de sa complice Il n'a jamais vu le nombril D'la femme d'un agent de police