J'ai jeté ma vieille prière dans la rivière des dégâts. Brûlé l'Eglise avec ses cierges quand ils prêchaient contre moi. Je fus banni des villes en pierres, placardé comme renégat. J'n'ai plus mis d'eau dans mon Pinard mais le sang chaud de mes proies. Je bois le vinaigre du Diable et vole le pain quand tu jeûnes, Rigole devant l'homme à la mer, lui lance un sac d'enclumes, Creusé des pièges sur les chemins, pillé l'oiseau de ses plumes Pour m'envoler la nuit des pleines repeindre en noir la Lune. Je suis né renégat, je mourrai renégat, hélas! J'ai jeté ma vieille prière dans la rivière des dégâts. Menti aux femmes et les traîner pour les trahir dans mes draps. J'n'ai pas mangé l'herbe du chamane et simulé mes visions, Dénoncé l'innocent coincé pour encaisser la rançon. En traversant cette ville à l'ouest j'ai humilié un bel âtre En calomniant sur les pratiques qui lui procurent de l'extase. Quand il m'a provoqué en duel j'ai fui plutôt que de m'battre, Mais le lendemain dans son sommeil chez lui j'ai ouvert le gaz. Je suis né renégat, je mourrai renégat, hélas! J'ai travaillé dans un saloon où j'empruntais dans la caisse, Servais des cafés frelatés d'un peu de moi dans la mousse. J'planquais des cartes dans les souliers du mec assis au poker, Et nous outrés de l'avoir surpris pour déclencher des bagarres. En m'enfuyant dans le désert j'ai vu cet homme assoiffé, Sa peau craquelait sous le soleil et ses yeux me suppliaient, Je lui ai dit "Alors mon vieux, on profite bien de l'été?" Un dernier râle s'échappa de sa bouche commissurée. Je suis né renégat, je mourrai renégat, hélas! Je sais qu'un jour ils m'attraperont et me jugeront en souriant, Autour du piloris ils danseront devant ma dépouille ballante, Les femmes et leurs gamins cracheront et me nommeront "Lucifer", En guise de Diable j'leur servirai mon dernier braquemart d'enfer. Je suis né renégat, je mourrai renégat, hélas!