À travers mes fenêtres, la rue bombe le torse Les badauds se promènent sur un immense sac d'os Un chien rêve de chienne, le vent tasse le pavé Comme je tasse mon fauteuil en repoussant Morphée À travers mes fenêtres, un fabuleux trésor Le mouvement du ciel sur le mouvement des corps Les décors m'apostrophent et les cris de la pierre Contrastent le silence de la mort des chimères À travers mes fenêtres, j'hume l'haleine des autos Le parfum de l'hiver dans l'essence du blé noir J'oublie cette musique qui dort dans mes rideaux Et la gamme de la rue qui swingue joue dans mon étendard À travers mes fenêtres au regard vitriol Une dame vend ses charmes comme on vend une bagnole Et en face sous un voile, la pudeur hypocrite De ces femmes enchaînées aux prisons acryliques À travers mes fenêtres La rue bombe le torse La rue bombe le torse La rue bombe le À travers mes fenêtres, les fenêtres d'en face Aux silhouettes fuyantes dans les buées qu'on efface D'autres yeux sur la rue rappellent ceux de l'enfance On s'évadait la tête dehors, le cul au fond de la classe À travers mes fenêtres cause encore la gamine Et près du chantier qui gronde, c'est l'ouvrier qui fume Il me renvoie le mal de mes amours nicotine Ce sont deux doigts jaunis qui tiennent ici la plume À travers mes fenêtres La rue bombe le torse La rue bombe le torse La rue bombe le À travers mes fenêtres, tu courais pour rentrer Sous les cordes ton slalom, dans la flaque ton reflet La rue et toi ne font qu'un, tu portes bien le pavé Elle s'est offerte à moi, je l'ai déshabillée À travers mes fenêtres, la nuit arrive en trottant Je la laisserai rentrer chez moi dans son subtil élan Il reste les secrets sous tes grands lampadaires Les odeurs de piment, les dangers qu'on déterre À travers mes fenêtres La rue bombe le torse La rue bombe le torse La rue bombe le Elle vient de loin, du fond des tripes Accélérant la noble pompe Quand les éclairs, dans leur rythmique Donnent la cadence aux milles trompes De la fanfare des dépressions L'orchestre était pas invité Mais il impose sa procession Transcendante et incontrôlée Elle vient de loin, du fond du crâne Et assaisonne toutes les idées D'épices du cuisinier profane La bouffe est rance et périmée J'vomis du noir, j'ai faim d'couleur Ma joie accroche au fond d'la poêle J'respire le mal être des vapeurs Qui au fond d'mon cerveau s'empalent Colère Elle vient de loin, me pique les yeux Plante son dard dans mes jumelles Son sabre est tellement vénéneux Que mes larmes enflamment mes prunelles Je perds la vue mais pas la voix Encore moins l'ouïe quand l'odorat Inhale les parfums amers Dans les arômes de la colère Elle vient de loin, elle est en moi Parfois s'excite quand elle dort pas J'la gaverai bien de somnifères Mais l'placebo reste éphémère Alors elle s'insère dans mes mots Mademoiselle Satané Merveille Se glisse dans l'encre de mes stylos Putain d'émotion sans pareil