Dans les rues blêmes, à six heures du matin Coule la foule en flots ternes, et les pas Machinalement, matinalement Martèlent les pavés mouillés Et font naître dans ma tête D'étranges cadences qui dansent Et font naître dans ma tête D'étranges cadences qui dansent Vois... dans les nuages il y a des Brésils Dans le brouillard des rues naissent des îles Et dans les rares feuillages, approchent des rivages Vois... dans les nuages il y a des Brésils Je n'aime pas le ciel trop bleu Ni le matin trop lumineux Qui me privent cruellement De mon voyage hors du temps Sous mon chapeau, loin du métro Loin de moi, loin des jours sans joie Dans les rues noires, à sept heures le soir S'écoule et se cogne le serpent des bagnoles Mécaniquement, convulsivement S'étire et s'allonge en asphyxiant Et fait naître dans ma tête D'étranges cadences qui dansent Et fait naître dans ma tête D'étranges cadences qui dansent Vois... dans le soir il y a des Brésils Dans le ciel bas et rouge brûlent des îles Et dans le fleuve lent, s'éloignent des continents Vois... dans le soir il y a des Brésils Je n'aime pas la nuit qui vient Et qui emporte au loin, très loin Mon frêle trésor intouchable Mes continents, mes joies, mes fables Tous ces pays à jamais interdits Loin de moi, si loin de moi {ad lib}