Un carrosse embourbé Les attelages cassés Essayait de monter Le fossé Les chevaux ne voulaient Plus tirer Se lamentaient Les pauvres cochers Le roi qu'était dedans Se dit intérieurement "C'est tant mieux, j'suis content Car maint'nant Qui pourra m'empêcher De marcher? Y a si longtemps Que j'veux voir les champs" En sautant la clôture Il tomba dans des mûres Et salit son pourpoint De satin Un vilain chien sans nom Lui mordit le talon La nature, gênée Refusa de chanter "Continuez de chanter Mes amis les oiseaux Hélas, si vous connaissiez Ma peine Vous vous installeriez Sur ce grand merisier Vous chanteriez Jusqu'à perdre haleine" "Je m'en vais au palais Pour briser un complot Qu'ont tramé dans mon dos Mes sujets Vous, au moins, demeurez Avec moi Ayez pitié De ceux qui sont rois" Aujourd'hui dans c'pays Il n'y a plus de roi Ni de rue, ni de toit Ni de rien Un grand souffle est venu Qui a tout emporté Reste un homme Au manteau troué Son manteau est troué Mais son coeur est léger Il s'en va dans les prés Seul à pied Son royaume à présent C'est un p'tit toit de chaume Et la terre Lui est plus légère