Tout se passe à huit heures dans un monde innocent La ménagère pomponne et habille ses enfants Le père regarde dehors le soleil qui flamboie Tout va bien jusque-là, il fait bon sous son toit Soudain, là, sous ses yeux, se forme un gros nuage Il ne sait pas encore qu'il sera son naufrage Il voit l'oeil du cyclone, c'est le ventre du ciel Qui décharge la foudre, qui décharge le fiel Ils sont venus du ciel avec leurs grands vaisseaux Prêts à faire de nos corps poussières et lambeaux Et l'orage qui avance inexorablement S'accrochant à tout ce qui s'incline sous le vent Voici le ciel qui charge et abat les murailles Qui déchire les arbres comme des fétus de paille Il fait nuit en ce jour maudit de leur attaque Et les portes se ferment, et les fenêtres claquent Sous la lueur des phares défilent par éclairs Les spectres des plus pauvres naufragés de la terre Qui se jettent perdus dans les bras d'un sauveur Dans les bras d'un prêcheur, dans les pas du seigneur Les prophètes tempêtent, les aveugles y voient Les foules deviennent folles et brandissent leurs croix Tout se passe à midi dans un monde terrifiant La ménagère se cache et protège ses enfants Le père marche dehors sous un ciel qui rougeoie Tout va bien jusque-là, ils vont bien sous son toit On avait plus ou moins entendu la rumeur Se répandre alentour, comme la peste en plein coeur On n'aurait jamais pu deviner pour autant Que cette belle journée verrait la fin des temps Ils sont venus du ciel avec leurs grands chapeaux Cravatés de la sorte, habillés comme il faut Leurs machines rasent les villes à leurs pieds Des sirènes précèdent leurs faisceaux meurtriers Et les anges qui pleurent face à tant de violence Devant les coups qui pleuvent, devant tant d'impuissance Projeté dans le fleuve, il part à la dérive C'est sa dernière chance d'atteindre l'autre rive Il attrape et il frappe les nombreux assaillants Ce sont certes ses frères, mais faut rester vivant Et se cachent les uns dans l'ombre des géants D'autres sont sans pitié, tuant femmes et enfants Ils avancent sur lui, venant de tous côtés Entendez-les, écoutez-les Il est venu le temps de brasser du silence Et malheur à celui qui va dans l'autre sens Une dernière fois, il sent battre son coeur Une dernière fois, il a ce monde en horreur Tout finit dans un monde qui n'est plus innocent Cette odeur, c'est la mort qui frappe aveuglément Sous ses yeux terrifiés, soudain le ciel s'embrase Un écran de fumée, son immeuble s'écrase Ils sont venus du ciel avec leurs grands drapeaux Hypnotisant les foules, hurlant dans les micros "Debout, enfants de la bannière étoilée La patrie vous nourrit chaque jour de son lait Il va falloir lui rendre ce qu'elle vous a donné En versant votre sang, vous l'avez deviné" Résolu d'en finir avec leurs idéaux Le père est en colère, il se jette à l'assaut Armé d'une pétoire et d'un pauvre lasso Il va défier Saturne et ses douze mille anneaux À ses frères il dédie cet ultime rodéo À ses concitoyens restés sur le carreau Explosion de son coeur au milieu du troupeau Explosion de la bombe cachée sous son manteau Hollywood était fier de vous représenter Son dernier long-métrage que tout l'monde va aimer